MINES Saint-Étienne

Pierre-André Massard

Alumni ICM - E 2012 - Publié en août 2018

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours professionnel en quelques mots ?

Après avoir été diplômé des Mines Saint-Étienne, j'ai poursuivi mes études par un master 2 recherche en sciences biologiques et technologiques pour la santé au sein de l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Ce choix fut tout sauf anodin : j'avais prévu depuis longtemps de déposer un dossier de passerelle nationale vers la 3e année des études de médecine à la Faculté Jacques Lisfranc de Saint-Étienne. J'ai eu mon baccalauréat plutôt jeune, j'étais élève au Lycée du parc à Lyon, mes professeurs de l'époque m'avaient très fortement incité à y rester en CPGE, je me suis laissé faire et influencer, mais mon projet de faire tôt ou tard des études de médecine n'avait en réalité jamais disparu. Lorsque j'étais élève à l'École, ce projet a vraiment pris beaucoup d'ampleur, soutenu par la direction de l'École ainsi que par mes professeurs, et j'ai donc tout fait pour le mener à bien, en me bâtissant un parcours sur mesure. Ayant choisi l'option ingénierie de la santé en 3A à l'École (à l'époque de l'ancienne version du Cycle ICM), associée à des stages orientés recherche biomédicale plutôt que des stages en entreprise, ce M2 s'inscrivait ainsi dans une parfaite continuité et me permettait également de parfaire mon dossier et mon parcours pour les rendre d'autant plus solides. Ainsi, à l'été 2016, j'ai été admis, par le jury de la procédure de passerelle nationale de la Région Rhône-Alpes-Auvergne, en 3e année (DFGSM3, anciennement DCEM1) à la Faculté de médecine Jacques Lisfranc de Saint-Étienne. Aujourd'hui, je m'épanouis pleinement dans cette nouvelle filière, je suis actuellement externe des hôpitaux et termine la 4e année de formation, la 2e seulement pour moi. Le concours national de l'internat aura lieu pour moi en juin 2020 et déterminera la spécialité que j'exercerai à l'avenir, ainsi que la région dans laquelle se déroulera cet exercice.

Qu’est-ce que Mines Saint-Étienne vous a apporté sur le plan de votre projet professionnel ?

Ma réponse se fera en deux temps. D’un point de vue strictement théorique, et j’insiste bien sur ce focus précis car ce qui suit dans un premier temps n’est absolument pas généralisable, mon parcours à l’École m’a honnêtement peu apporté dans mon parcours professionnel actuel, pour le moment seulement, mais me sera à mon avis beaucoup plus profitable plus tard, dans une dizaine d’années, lorsque je pourrai associer la recherche et l’enseignement à l’exercice médical pur. Et encore, concernant la recherche, cela dépendra du type de recherches. Par ailleurs, dans la mesure où j’orientais tous mes choix dans l’optique de ma candidature en Passerelle Nationale vers les Études de Médecine, j’ai réalisé mes stages en laboratoire de recherche biomédicale fondamentale plutôt qu’en entreprise ou en cabinet de conseil comme la très grande majorité de mes camarades, car cela constitue normalement le parcours classique pour tout diplôme d’Ingénieur en France. C’est pour cela que j’ai tendance à dire qu’il m’est difficile de dire au jour d’aujourd’hui que ma formation théorique / pédagogique pure à l’École m’est profitable aujourd’hui, d’autant plus que les études de Médecine sont radicalement différentes, aussi bien dans leur forme pratique que dans leur apprentissage. Mais je constitue un cas très particulier, si bien que mes propos ne doivent en aucun cas être généralisés. Par ailleurs, et c’est là où ma réponse a à mon sens plus d’intérêt dans le cadre d'un témoignage ou retour d'expérience, ma formation à l’École m’a énormément apporté, pour mon parcours professionnel actuel, du point de vue de la maturité, de l’humain, du travail en équipe : en résumé, tout ce qui n’est pas strictement théorique mais qui demeure indispensable à toute bonne formation d’Ingénieur dans la grande tradition française. Savoir enseigner au-delà de la classique ligne de calcul ou de l’incontournable schéma scientifique, c’est aussi en cela que l’École excelle, au travers de nombreux projets, qu’ils soient pédagogiques ou associatifs, et en cela que je lui dois le plus. La formation théorique peut aussi se faire par les livres ou en universitaire, ce n’est pas le cas d'une telle formation humaine, ce en quoi ma formation à l’École fut une pierre fondatrice de mon parcours. Cette part, incontournable dans le Monde du XXIe siècle, de la formation d’Ingénieur est de loin celle qui m’apporte le plus de bénéfice dans mon parcours universitaire / professionnelle actuelle, les études de Médecine étant le plus ancien exemple de formation par alternance, bien avant toutes celles florissant aujourd’hui comme le cycle ISTP.

Quel a été votre meilleur moment à Mines Saint-Étienne ?

Sans hésitation, ma réponse se tournera vers un événement qui n’a pas eu lieu strictement durant ma formation, mais qui la conclût d’une formidable manière : la Remise de Diplômes ainsi que le Gala qui y est traditionnellement associé. J’ai eu la chance exceptionnelle d’être diplômé en février 2016 dans le cadre du Gala du Bicentenaire, immense événement organisé, à l’occasion du 200ème Anniversaire de notre École fondée en 1816, au Zénith de Saint-Étienne devant plusieurs milliers de personnes. L’importance de l’événement nécessita une organisation sur plusieurs années, à laquelle j’ai pu participer lorsque tout a commencé à l’automne 2012 et ce durant près de deux ans, au sein de l'Association du Bicentenaire dans le cadre d'un projet DMin dans un 1er temps, puis de manière plus personnelle dans un 2nd au sein de groupes de réflexion. Puis l'organisation s'est accélérée, avec une implication maximale de la Direction de l'École ainsi que de l'Association des Anciens, et les nombreux mois de stage m'ont malheureusement forcé à prendre de la distance. Vivre plus tard cet événement de l'intérieur, en tant que nouveau diplômé, en face entre autres de ma famille et de mes proches mais également de mes camarades de promotion, eut une saveur toute particulière. Il s'agit toujours d'un moment important dans notre cursus, mais l'histoire le rendit cette fois-ci encore plus émouvant. Bien sûr, je pourrais citer bien d'autres moments dont je me souviendrai très longtemps, tout particulièrement ceux de la vie étudiante, mais cette Remise du Diplôme du Bicentenaire restera gravée très longtemps dans ma mémoire, alors que nous furent très nombreux à arborer fièrement notre uniforme, désormais de retour depuis maintenant quelques années, et qui demeure encore aujourd'hui, avec probablement encore plus de force qu'auparavant, un symbole important d'une École à l'histoire riche.

Que pouvez-vous nous dire de la mobilité à l’étranger au sein de Mines Saint-Étienne ?

Ma mobilité à l'étranger fut très particulière car complètement hors des sentiers battus, en cela ma réponse sera longue, mais je n'en ai absolument pas honte, et je vais vous expliquer pourquoi. Alors que j'avais initialement prévu de faire mon stage d'application de 2A dans un pays germanophone, je me suis retrouvé de manière complètement inattendue et fortuite, à l'issue de semaines de recherche de stage difficiles dont les détails importent peu ici, à réaliser ce stage dans le Département de Biologie Médicale du Centre Scientifique de Monaco, où j'ai pu travailler sur des projets de recherche fondamentale en cancérologie, liés à de véritables problématiques cliniques, au sein d'une équipe anglophone chevronnée et à l'aide d'un matériel à la pointe de la technologie. Pour beaucoup de mes camarades à mon époque, et j'imagine que c'est encore le cas aujourd'hui car ce genre de mentalités évolue hélas peu, la mobilité internationale devait obligatoirement se faire le plus loin possible, vers une destination la plus exotique possible et ce avec le maximum de difficultés linguistiques. Je ne critique pas précisément cette attitude, car effectivement la formation en école d'ingénieur est le moment idéal pour découvrir de nouveaux horizons dans un cadre soit universitaire soit professionnel, mais elle ne doit pas s'imposer ainsi à tous. Les critiques à mon égard furent nombreuses, parfois dures je le dis très honnêtement, et pourtant je ne regrette en rien d'avoir fait ma mobilité internationale en Principauté de Monaco, et si c'était à refaire je le referai sans la moindre hésitation. Avant toute chose, la mobilité internationale doit être l'occasion d'étudier, ou de travailler, dans un milieu non francophone, aux habitudes différentes de celles connues en France, mais surtout adapté à son propre projet professionnel. J'ai eu l'occasion de travailler dans une équipe de chercheurs issus d'horizons très divers : Canada, Serbie, Brésil … ce qui fut l'occasion d'une belle ouverture d'esprit internationale, et toutes les discussions, réunions et autres échanges se déroulèrent en anglais, dans un cadre professionnelle monégasque où, contrairement aux idées reçues, les règles du monde du travail, de la recherche, de l'atteinte d'objectifs professionnels donnés à l'aide d'un budget gouvernemental strict, sont bien différentes de celles de la France. Au-delà de cela, ce stage fut pour moi également l'occasion d'un gain de maturité incomparable, qui m'est aujourd'hui très profitable et me le sera pour très longtemps, pour toute ma vie professionnelle. Ainsi, je considère que ce stage fut parfaitement conforme aux exigences du quitus international, de même qu'il fut également parfaitement encré dans mon projet professionnel. En effet, la formation en biologie que j'y ai reçue, ainsi que les recherches en cancérologie fondamentale que j'ai pu y mener, constituèrent ma première véritable incursion dans le domaine médical et donc un élément fort de mon dossier de candidature futur pour les Études de Médecine. À tel point que je pris ensuite la décision, avec le soutien de mes professeurs, Madame le Dr. Valérie Forest en tête, ainsi que du directeur des Études Marc Roelens que je remercie, de retourner dans ce même laboratoire de recherche pour mon Stage de Fin d'Études en 3A, ainsi que pour mon stage de Master 2 Recherche dans un 3ème temps ; ma participation et mon implication dans divers travaux de recherches furent finalement l'objet de publications scientifiques. Ainsi, si je n'aurais jamais pensé réaliser des stages de biologie fondamentale, donc en dehors du cadre des stages classiques pour un parcours de formation d'Ingénieur des Mines, mais cependant parfaitement adapté à mon projet de l'époque, encore plus à Monaco, je sais aujourd'hui que les choses n'arrivent jamais par hasard, et que ce fut un élément au rôle majeur dans mon admission en Médecine quelques mois plus tard. Enfin, face aux mauvaises langues, j'assume pleinement mes choix et ne regrette rien : un quitus international n'est pas une simple obligation linguistique, mais doit avant tout être vu comme un élément moteur innovant d'un projet personnel auquel il doit être adapté.

Pouvez-vous définir votre vision en quelques mots de l’association des anciens élèves ?

L'Association des Anciens Élèves n'est pas un simple regroupement de diplômés ingénieurs, chargé d'organiser des dîners, comme on peut souvent l'entendre sur un ton dédaigneux dans la société actuelle. Avant toute chose, il s'agit d'une véritable famille, à l'esprit fraternel puissant, où l'entraide et le soutien sont toujours mis en avant. En cas de difficulté financière, matérielle ou personnelle, quelle qu'elle soit, tout diplômé de l'EMSE sait qu'il pourra toujours compter sur le soutien sans faille de l'Association, un réseau puissant, soudé, indéfectible et pérenne. Pour ailleurs, pour que ce réseau reste ainsi, il nous incombe la responsabilité de le faire vivre, de le faire grandir et rayonner au-delà de la simple enceinte de l'École, car il s'agit d'un système essentiel à la réputation et à la reconnaissance, aussi bien nationale et internationale, de cette dernière. Enfin, notre Association peut également être le vecteur de la naissance de divers projets, professionnels ou non, par la mise en commun intergénérationnelle de nos compétences, de nos domaines d'expertise, de nos qualités, au-delà de notre seule promotion.

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