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Eel Energy, une hydrolienne qui produit de l’électricité grâce à la force des courants marins

hydrolienne Eel Energy

La startup française Eel Energy a levé le voile sur une hydrolienne révolutionnaire qui génère de l’électricité via un mouvement ondulatoire plutôt que circulaire. Eel signifie anguille en anglais. Un nom bien trouvé puisqu’il reflète parfaitement le fonctionnement de cette hydrolienne innovante. Cette dernière, à la manière d’une anguille qui se fraie un chemin dans un cours d’eau, ondule grâce à une membrane fixée à un support en acier immergé au moyen de deux barres d’acier. Les détails.

Un projet financé à 95 % par les fonds privés

Pour inventer cette membrane, Jean-Baptiste Drevet a puisé dans le biomimétisme, à savoir le processus d’innovation qui s’inspire des êtres vivants pour mettre au point des solutions durables, efficaces, économiques et non polluantes. L’inventeur a testé la membrane dans un premier temps en carbone proxy avant d’opter pour la fibre de verre. Le développement de cette nouvelle hydrolienne a été rendu possible grâce à des fonds privés qui ont pris en charge son financement à hauteur de 95 %. A ce titre, il convient de souligner qu’Eel Energy a bénéficié d’une aide de 3,7 millions d’euros assurée par la Banque Publique d’Investissement, BpiFrance.

Mais avant de mettre au point un prototype viable et réussir à trouver des investisseurs disposés à financer le projet, il aura fallu sept ans d’ingénierie, de tests et de persévérance. Drevet a notamment mis son idée à l’épreuve pendant des mois… dans une baignoire ! L’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) a, par la suite, fourni à l’inventeur un bassin d’expérimentation doté d’un simulateur de houle et de courant pour tester cette membrane ondulante au moyen d’un modèle réduit à l’échelle 1/6e.

Une production en série à fin 2019

Le coût est parmi les points forts de cet engin. En effet, la fabrication de cette hydrolienne devrait coûter 30 000 euros pour une production d’énergie de 2 à 3 kiloWatts, de quoi fournir en courant électrique une dizaine de maisons. En définissant avec exactitude les horaires des marées, il sera possible de mesurer l’électricité produite. Celle-ci coûte moins de 150 euros le MégaWatts/heure, et ce coût de revient pourrait très bien être davantage optimisé dans le cadre d’une production en série à même d’amorcer un cercle vertueux.

Pour atteindre cet objectif, la startup compte solliciter la région des Hauts-de-France pour demander un financement qui pourrait s’élever à 3 millions d’euros auprès du Fonds européen de développement régional (FEDER). À titre de comparaison, le coût de l’énergie nucléaire générée par un EPR frôle les 100 euros/MWh. Le premier prototype commercial d’Eel Energy a récemment été testé avec succès au sein de l’Ifremer, à Boulogne-sur-Mer. Quant aux premiers modèles commercialisables de cette hydrolienne innovante, ils devraient être mis sur le marché à la fin 2019. Par ailleurs, il est prévu, en mai prochain, la réalisation d’expérimentations en mer, plus précisément dans la rade de Brest, sur une nouvelle hydrolienne. D’autres expérimentations seront également réalisées dans le canal du Nord d’ici à fin 2019.

Consciente du contexte actuel, où la performance énergétique est devenue un enjeu majeur, l’école des Mines de Saint-Étienne propose la formation Ingénieur Valorisation Énergétique qui prépare des ingénieurs à même de conduire des projets d’optimisation énergétique des procédés et des infrastructures industrielles.