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Interview : Guillaume Sherpa, diplômé du cursus ISMIN et de l’Université de Keio au Japon

Guillaume Sherpa est diplômé de la promotion 2022 du cursus ISMIN. Il est également le premier étudiant de l’École à être diplômé de l’Université de Keio. Il y a effectué un double diplôme en informatique. Pour nous, il revient sur son expérience japonaise :

La polyvalence qu’apporte une expérience universitaire vécue à l’étranger contribue grandement au développement personnel.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Guillaume. Je suis diplômé du cursus ISMIN (Ingénieur Spécialité Microélectronique et Informatique) et de l’Université de Keio au Japon.

À quel moment es-tu parti à l’étranger ?

Je n’ai pu partir au Japon que fin mai 2022 pour finir mon double diplôme commencé en octobre 2020. La fermeture des frontières ne m’a permis de partir plus tôt. J’ai donc dû endurer un an et demi de cours à distance pendant la période COVID.

Pourquoi avoir choisi le Japon ? L’école me donnait la possibilité de partir 2 ans à l’étranger avec des bourses pour m’aider et mon rêve était de grimper le mont Fuji. Un voyage de 2 ans, ça change une vie à cet âge. J’ai mis un moment à me décider entre un simple échange de 6 mois et cette opportunité. Finalement, malgré l’anxiété que générait cette décision et l’instabilité des frontières en temps de COVID, je ne regrette aucune étape de mon parcours.

Comment se sont déroulés les cours à l’Université de Keio ?

Tous les cours étaient à distance. Avec un décalage horaire de 7h par rapport à la France, cela faisait des journées de 1h à 10h. Je suivais en parallèle des cours à l’Université de Keio, les cours du cursus ISMIN. Heureusement, la plupart des cours étaient enregistrés, à part ceux nécessitant une participation orale active (cours de japonais, échange interculturel, rédaction d’articles scientifiques). En somme, l’enseignement était assez solitaire. Quelques projets de groupe pour rencontrer des compagnons étudiants étrangers, eux aussi restés dans leur pays et très peu d’interaction avec des étudiants locaux.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Ma période étudiante au Japon n’a duré que 2 mois au campus, de juin à juillet. J’habitais dans un dortoir de l’école. J’étais à 20 min à pied du campus. Avoir une cafétéria équivalente à un restaurant japonais au prix d’une cantine classique, c’est un vrai régal.

Pendant ma période au campus, je faisais de la recherche en laboratoire. Je me suis aussi concentré sur l’aspect social quand je suis arrivé pour ne pas avoir l’impression d’avoir perdu du temps en France. Après avoir fini ma journée, j’allais jouer au judo ou au badminton dans les clubs de l’université. Le weekend, je partais découvrir Tokyo et ses alentours pour assumer mon côté touriste.

A-t-il été facile pour toi de te préparer à ton départ à l’étranger ?

Oui, sur cette partie-là, pas de soucis. Aussi bien Mines Saint-Etienne que l’Université de Keio m’ont beaucoup accompagné dans mes démarches. Elles m’ont aussi beaucoup soutenu. Mme Giesen (coordinatrice à l’international) et son équivalente au Japon, Mme Sei, ont toujours apporté un soutien attentionné, efficace et rapide vis-à-vis des problèmes administratifs rencontrés. Il faut toutdefois garder le sens de l’exploration et rester débrouillard une fois sur place.

Un voyage de 2 ans, ça change une vie à cet âge.

As-tu bénéficié d’une aide financière ?

En France, j’ai pu recevoir l’aide de la Région SUD avec la bourse PRAME (environ 1000€ pour 6 mois de stage de recherche) ainsi que la bourse d’excellence de la Fondation IMT (5000€ pour 2 ans). Au Japon, je n’ai bénéficié d’aucune bourse. Si j’étais arrivé dès le début de mon double diplôme, j’aurais pu avoir la bourse JASSO voire la bourse MEXT du gouvernement japonais pour la recherche et les étudiants étrangers.

Par ailleurs, il est facile de trouver un travail à mi-temps avec l’université, par exemple sur le thème de l’éducation, en donnant des cours de français ou d’anglais à des étudiants locaux plus jeunes.

En quoi ta mobilité internationale va t’aider dans ta carrière professionnelle ?

Je compte démarrer ma carrière professionnelle au Japon. L’Université de Keio est une des universités les plus reconnues du Japon, classée première dans le domaine privé. Posséder un diplôme de cette université est donc un atout majeur pour trouver du travail à Tokyo.

Par ailleurs, la polyvalence qu’apporte une expérience universitaire activement vécue à l’étranger contribue grandement au développement personnel. On se sent plus ouvert, plus dynamique, sans peur de se lancer dans une nouvelle aventure personnelle et professionnelle. Je recommande fortement !

Tu es aujourd’hui diplômé de l’École, que fais-tu ?

Je cherche activement un poste d’ingénieur au Japon. En même temps, j’hésite à faire 6 mois de travail à temps partiel pour renforcer mon japonais et être capable de le parler couramment. À voir quelles opportunités j’arriverai à provoquer. Mon but est de rester quelques années au Japon. Avec un diplôme d’une université japonaise, il est plus aisé de réunir les conditions d’obtention du statut de résident permanent. Cela fait 2 ans maintenant que je ne parviens pas à prévoir ma situation personnelle à plus de 6 mois, ce sentiment autant excitant que stressant dont il faut profiter dans sa jeunesse.

As-tu un souvenir à nous partager ?

Je n’ai pas un mais deux souvenirs qui contrastent mon expérience !

Le jour de la remise des diplômes à Keio, dans le campus historique. J’ai ressenti toute l’ambiance sérieusement protocolaire japonaise, assis face au président de l’université que j’apercevais pour la première fois. Alliée la symbolique de la fin des études, c’était vraiment une belle cérémonie.

La vue à couper le souffle des premiers rayons de soleil, appréciés depuis le sommet du mont Fuji cet été 2022. À l’occasion de cette expédition, j’avais réuni une toute une bande d’amis de toutes origines pour une grande sortie touristique et sportive.