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La géo-ingénierie : employer les grands moyens pour contrer le changement climatique

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Déployer d’immenses surfaces réfléchissantes autour de la terre pour bloquer une partie de la lumière du soleil. Extraire le dioxyde de carbone de l’air et l’injecter dans les sédiments. Exploiter la biomasse végétale riche en CO2 pour produire de l’électricité… les apports de la géo-ingénierie appliquée au climat semblent relever de la science-fiction. Et pourtant, la recherche fondamentale et les modélisations sont déjà en cours.

La géo-ingénierie : solution de dernier recours ?

Le 12 décembre 2015, après d’âpres négociations, les délégués des 190 pays qui ont participé à la COP 21 de Paris sont parvenus à un projet d’accord final pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2° C à l’horizon 2100. Cet objectif, jugé « ambitieux », serait toutefois insuffisant selon une étude du Stanford Woods Institute for the Environment. En effet, le réchauffement climatique, même jugulé, ainsi que la hausse du niveau des océans, augmenteraient la probabilité de survenue de phénomènes climatiques extrêmes comme les canicules, les sécheresses, la pluviosité excessive et les différents événements météorologiques qui en découlent. 

« Nous avons déterminé que les humains ont déjà accru la probabilité d’événements extrêmes historiquement inédits dans 50 à 90 % de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’est de l’Asie », peut-on lire dans le rapport de l’étude. En somme, la concrétisation de l’objectif de l’accord de Paris limiterait les dégâts sans éliminer le risque d’épisodes météo extrêmes qui tendraient plutôt à se multiplier. Face à ce scénario catastrophe, la communauté scientifique s’active, notamment dans la filière de la géo-ingénierie. Certains la jugent d’ailleurs comme la solution de dernier recours dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Les deux grands axes de la géo-ingénierie climatique selon la NAS

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe 195 États sous l’égide de l’ONU, la géo-ingénierie fait référence à « l’ensemble des méthodes et des techniques qui visent à modifier délibérément le système climatique pour lutter contre les effets du changement climatique ». Il est d’ailleurs intéressant de noter un changement dans la terminologie anglophone, suggérée par la National Academy of Science (NAS). On parle désormais de « Climate Intervention », une expression plus explicite pour désigner la géo-ingénierie à visée climatique. La NAS, mandatée par l’administration Obama en 2012, suggère deux grands axes d’intervention pour appuyer les efforts d’atténuation (réduire les émissions de CO2) et d’adaptation (limiter les impacts du réchauffement sur l’Homme et la planète).

#1 La décarbonisation de l’atmosphère

Le mode opératoire n’est pas encore arrêté, puisque l’étape de la recherche fondamentale n’a commencé qu’en 2018. Sur les six pistes précédemment retenues, quatre ont été jugées viables. La NAS estime que l’effort de recherche devrait s’étaler sur deux décennies avec un besoin de financement compris entre 8,5 et 11 milliards de dollars :

  • De nouvelles pratiques agricoles et forestières pour le captage et le stockage du carbone dans les systèmes terrestres (boisement et reboisement) ;
  • L’exploitation de la biomasse végétale (contenant du CO2) pour produire de l’électricité et des combustibles ;
  • La capture du CO2 dans l’air pour le réinjecter dans une formation géologique ;
  • La minéralisation du carbone via une altération accélérée.

#2 La maîtrise du rayonnement solaire

La NAS définit cet axe de recherche comme étant l’ensemble des techniques susceptibles « d’accroître la fraction du rayonnement solaire réfléchie par la Terre ». Évoquée depuis plus d’une décennie, la technique de l’intégration artificielle d’aérosols stratosphériques semble avoir les faveurs de la communauté scientifique. Directement inspirée des éruptions volcaniques, elle consiste à libérer des particules en suspension dans l’air (comparables aux composés soufrés dégagés par les volcans) pour limiter le rayonnement solaire. À titre d’exemple, l’éruption du Mont Pinatubo en juin 1991 avait fait baisser le rayonnement solaire de 10 %. On estime que le rayonnement solaire dirigé vers la Terre doit baisser de 3 % pour ramener la planète à sa température moyenne préindustrielle.

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