PANORAMINES

« Un port, deux territoires »

Dans le cadre de l’enjeu technologique Information Technology et Supply chain (ITS), dispensé en 3e année du cursus ISMIN, les élèves-ingénieurs étaient conviés à visiter le port de Marseille le 18 janvier dernier. L’objectif de cette visite était d’appréhender l’importance de la logistique d’un port en pleine restructuration.
Retour d’expérience proposé par Alain Soulignac, promotion EI 2016.


Le port de Fos-Marseille est une structure à l’allure d’un entrepôt à ciel ouvert. Cette première phrase résume bien ce monstre de logistique employant plus de 44 000 personnes dans le bassin des bouches du Rhône. Demandez d’ailleurs aux Marseillais ce qu’ils pensent du port et ils vous répondront avec un accent qui va titiller vos tympans : « Le port autonome de Marseille ? peuchère c’est la famille ».
Une visite au port de Marseille est toujours particulière, et ce n’est pas M. Nabil Absi, enseignant-chercheur au département  Sciences de la Fabrication et Logistique, organisateur de la journée qui va dire le contraire. « La visite du port je la fais chaque année et j’apprends toujours de nouvelles choses » explique-t-il.

Pour bien comprendre pourquoi le port de Marseille est si étonnant, il faut bien intégrer qu’il est situé à deux endroits différents. En effet, pour les Marseillais, gérer un port était trop simple, ils ont donc décidé dans construire un second à Fos-sur-Mer. Plus grand, plus moderne et plus compétitif, ce second port permet à tous les navires en provenance de l’Asie, de l’Europe de l’Est et du Moyen-Orient de pouvoir décharger leur marchandise en Europe.

Ce nouveau port est une structure multimodale. On peut l’atteindre de multiples façons.  Par la route, c’est d’ailleurs ce que nous avons fait. C’est une stratégie un peu simple. Par la mer, classique sans originalité. Via le Rhône qui se jette dans la mer juste à côté. Stratégie habile en provenance de Lyon mais pas de Bordeaux. Par les rails, ce qui simplifie beaucoup de choses surtout si on a la carte TGVmax. L’ultime manière, pour moi la plus pertinente, passe par le pipeline qui vient de Suisse. Cela permet de transporter tout types de liquides, pétrole, huile et fromages coulants suisses, des moyens qui font transiter plus d’un million de tonnes de marchandises.

À Fos-Marseille, on ne parle pas de quai de déchargement mais de darse. C’est pareil mais c’est différent. On y accoste des bateaux, on les décharge mais c’est plus grand qu’un quai. Il existe deux darses à Fos, situées de façon à être à l’abri du vent pour permettre de décharger les produits plus facilement.

Le plus impressionnant à Fos c’est la couleur : en effet, chaque transporteur a décidé de choisir une couleur différente pour bien identifier son conteneur. Du coup, quand on observe une zone de déchargement de marchandises, c’est comme si on regardait le gâteau multicolore de sa petite nièce lors de son anniversaire.

J’ai évoqué Fos mais Marseille alors ? Le port de Marseille est un monument. Les marseillais ont bien essayé de l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco, dans la catégorie « monument religieux » mais ils n’ont pas eu de réponse de l’organisation.
Plus sérieusement, le port est actuellement en pleine restructuration. Les marseillais cherchent à réinvestir les infrastructures datant pour certaines de plus de 200 ans.
La forme 10 en est le parfait exemple (une forme est grosso modo un trou dans lequel on met un bateau à cale sèche pour le réparer). À l’abandon, il y a 10 ans, elle est aujourd’hui en pleins travaux, et son carnet de commande déjà bien rempli.

À écouter notre guide, marseillaise de cœur, le port de Marseille c’est un peu comme le PSG au football. Je ne suis pas sûr qu’elle appréciera la comparaison d’ailleurs. Mais à l’écouter, on ressent un attachement particulier presque absurde à une structure dont la logistique est tout bonnement impressionnante. Marseille et son port, c’est tout une histoire d’amour.