Sur le campus Aix-Marseille-Provence, on ne parle pas que de Microélectronique.
Espace, cybersécurité, environnement, accès à la santé, protection des données, sécurité internationale… autant de sujets que l’Organisation des Nations Unies traite et dont les élèves ISMIN s’emparent lors de séances de simulation « Model United Nations ».
C’est Soulaf Allali, étudiante ISMIN, qui a soumis l’idée d’organiser ces débats. Inspirés par de réels échanges diplomatiques, les étudiants et étudiantes discutent et défendent les intérêts du pays ou de la délégation qu’ils représentent. Nous avons posé des questions à Soulaf pour mieux comprendre son initiative et le déroulé des échanges.
« J’ai eu l’occasion de participer à un Model United Nations au lycée international où j’étais scolarisée. C’est là que j’ai compris à quel point cet exercice est formateur. (…) A Mines Saint-Etienne, on ne forme pas seulement des techniciens : on forme des ingénieurs responsables, conscients des implications politiques, sociales et éthiques des technologies. »
Les séances se déroulent tous les mercredis et suivent les codes des débats onusiens : procédures parlementaires, répartition des rôles, présentations de résolutions, amendements, prises de parole formelles et même dress code professionnel. « Le MUN permet aussi de développer des compétences très utiles : prise de parole, rhétorique, argumentation, travail en équipe, et un vocabulaire précis en anglais. »
Ces débats offrent un cadre structuré et collaboratif pour aborder des enjeux réels tout en renforçant les compétences en communication et en raisonnement, essentielles aussi bien en ingénierie qu’en gouvernance mondiale.
Soulaf souligne que « les étudiants ingénieurs apportent au MUN une façon de penser différente : structurée, analytique, orientée vers la solution et pas juste la rhétorique. Une culture du concret et une capacité à transformer des idées en stratégies faisables, ce que les diplomates n’ont pas toujours. »
« Là où la diplomatie apporte la vision, l’ingénierie apporte la faisabilité. »



« L’un pense l’intention, l’autre pense la réalisation. »



Lors d’une séance « Governing Outer Space », Soulaf nous raconte un renversement de situation dans le débat onusien.
« Lors de cette séance, les États-Unis présentaient le partage des découvertes spatiales comme un bien commun accessible à tous, à première vue, un discours parfaitement coopératif et presque “pacifiste”.
Mais l’Égypte a alors rappelé une réalité souvent ignorée : les pays émergents, en théorie inclus dans ces programmes, n’ont en pratique ni les infrastructures, ni les budgets, ni les capacités techniques pour réellement en bénéficier. Ils ne sont pas officiellement exclus, mais ils n’ont aucune chance de rivaliser dans l’économie spatiale actuelle.
Ce simple argument a fait basculer le débat : on est passé d’une discussion très théorique à une véritable prise de conscience. Il ne suffit pas d’afficher des valeurs comme l’inclusivité ou le partage ; dans les faits, les inégalités structurelles rendent certaines promesses irréalistes.
En un instant, le comité est passé du discours moral à l’analyse lucide des rapports de force réels, et c’est exactement ce qui fait la richesse de ce genre de débat. »
Nous félicitons tous les élèves qui participent au Model United Nations et qui imaginent un avenir mondial collaboratif. Soulaf et ses camarades sont à l’image des jeunes ingénieurs responsables que forme Mines Saint-Etienne.