Tristan Lecourtois est en 2e année du cursus ISMIN. Il est actuellement en stage aux États-Unis à la NASA au Jet Propulsion Laboratory (JPL). Il nous donne de ses nouvelles.
Quelles sont tes missions à la NASA ?
« Je suis au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA à Pasadena. Je travaille dans l’équipe AI and Data Analytics, sur le développement de systèmes cognitifs embarqués pour les rovers et robots. Mon rôle est de doter ces agents IA d’une forme de mémoire – une mémoire à la fois sémantique (ce qu’ils savent) et épisodique (ce qu’ils ont vécu) – afin qu’ils puissent comprendre leur environnement dans le temps, apprendre de leurs expériences et faire du monitoring intelligent. Cela leur permettrait, par exemple, de détecter une anomalie en comparant une situation actuelle avec des expériences passées. C’est un sujet passionnant, au croisement de l’intelligence artificielle, de la robotique et des neurosciences computationnelles.«
Comment se passe ta vie aux États-Unis ?
« La vie en Californie, et particulièrement à Pasadena, est à la fois dépaysante et stimulante. Chaque journée au JPL est une nouvelle source d’inspiration. Ce qui me marque le plus, c’est l’environnement humain : on évolue aux côtés d’experts mondialement reconnus, mais qui restent très accessibles. Il m’arrive parfois de déjeuner avec eux, et d’échanger librement sur leurs travaux ou sur les projets en cours.
Le JPL est à mi-chemin entre un campus universitaire et une entreprise high-tech : la plupart des ingénieurs sont aussi chercheurs ou professeurs. Cette ambiance crée un écosystème très stimulant, où l’on sent que chacun a été recruté pour une compétence bien précise.
En dehors du travail, je découvre peu à peu la région : balades dans les montagnes proches, visites culturelles, et parfois quelques escapades vers Los Angeles.«



Quelles sont les différences majeures avec la France ?
« Le campus du JPL est une véritable mini-ville, avec sa propre police, ses pompiers et même son système de bus interne – ça change des labos français ! Aussi, tout est plus grand ici : les infrastructures, les moyens déployés, et l’ambiance très « mission spatiale » omniprésente. Même les mesures de sécurité sont impressionnantes : l’accès à certains lieux est extrêmement restreint et très encadré. Tout est démultiplié par rapport à la France. Et cette démesure se retrouve aussi dans la ville elle-même : Los Angeles est tentaculaire, les distances sont énormes, et les transports en commun souvent limités – sans voiture, se déplacer devient vite un défi au quotidien. »

Dans quels endroits préfères-tu aller ?
« Parmi les lieux marquants du JPL, je citerais The Garage, un espace expérimental rempli de prototypes futuristes (rovers, robots autonomes, bras robotiques…) où l’on teste des idées dignes de la science-fiction. J’ai aussi été impressionné par les salles blanches gigantesques, où les rovers sont assemblés dans des conditions de propreté extrêmes, et par le Mars Yard, un terrain de simulation martienne grandeur nature. »
Une anecdote à partager ?
« Dans un couloir du JPL, j’ai vu une “peinture” pastel de la surface martienne, réalisée à la main à partir des premières données brutes envoyées par une sonde. Les ingénieurs, ne pouvant pas recevoir d’image numérique à l’époque, ont attribué à chaque valeur de luminosité une couleur pastel. C’est ainsi qu’ils ont obtenu la première « photo » de Mars… à la main ! Ingénieux !
D’ailleurs, dans la salle de contrôle des missions robotiques, qui gère les engins envoyés dans l’espace par l’humanité, une stèle est gravée avec la mention « Center of the Universe ». Une façon de rappeler, avec une touche de fierté, que ce centre incarne le cœur des explorations spatiales mondiales. »
Que retiens-tu de ton stage pour le moment ?

« Être immergé au JPL, au milieu de passionnés qui façonnent l’exploration spatiale, donne une vraie sensation de vertige : on se sent minuscule face à l’ampleur des projets et à l’histoire qui s’écrit autour de nous. C’est encore plus motivant quand on travaille sur des sujets d’IA, avec un accès à des ressources et à des technologies de pointe — on a vraiment l’impression d’être au cœur de l’innovation mondiale. Travailler au laboratoire du JPL, c’est évoluer dans un lieu emblématique de l’exploration spatiale, à l’origine de missions légendaires comme Voyager, Curiosity ou Perseverance. Je suis en train de contribuer, à mon échelle, à des projets qui repoussent les frontières de l’humanité — et ça, c’est complètement fou.«