PANORAMINES

Portrait de Patrick Ganster : il a osié !

Enseignant-chercheur à Mines Saint-Étienne, ce natif de Meurthe-et-Moselle a parallèlement développé une activité de vannerie. Cette double orientation lui permet de trouver son équilibre en partageant ses savoirs et ses savoir-faire avec ses étudiants, clients et autres stagiaires.

Quatre jours par semaine, il enseigne et effectue des travaux de recherche de haut niveau au centre des Sciences des Matériaux et des Structures (SMS) de Mines Saint-Étienne. Le reste du temps, le mercredi, il se consacre à la vannerie, l’art de tresser des matières végétales flexibles pour confectionner des objets.

Après un parcours universitaire couronné par un doctorat en physique de la matière condensée complété par trois années de post-doctorat à Marseille, Patrick pose ses valises et prend ses fonctions sur le campus stéphanois en 2010 : « Je donne des cours de physique des matériaux et en simulation à l’échelle atomique aux étudiants du cursus ICM en m’impliquant aussi dans de nombreux projets pédagogiques. J’adore mon métier et notamment le fait de transmettre des connaissances. »

La révélation sur un marché aux paniers

L’envie d’exercer la vannerie n’est pas sortie d’un chapeau mais plutôt… d’un panier. Comme l’explique l’intéressé : « En 2019, de retour d’une sortie de spéléologie avec ma famille, je découvre l’existence d’un marché aux paniers à deux pas de mon domicile. Je décide de m’y rendre par curiosité. Et là, en admirant le travail des artisans, j’ai une révélation. Je veux faire comme eux, je veux être comme eux ! Je m’inscris le jour même à une initiation d’une semaine avec l’association Brin d’Osier que je réalise en 2020. »

Un an de formation en Ardèche

L’expérience est concluante. Patrick réalise alors un bilan de compétences. Il fait le point sur son parcours professionnel, définit quelles sont ses vraies valeurs, se projette, et décide de faire de la vannerie une activité professionnelle complémentaire à son travail à Mines Saint-Étienne : « Pendant un an, de 2021 à 2022, à raison d’une semaine par mois, j’ai suivi une formation chez Emilie Rouillon, vannière professionnelle, en Ardèche. J’ai appris la technique du tressage de l’osier, mais aussi le goût du travail bien fait et le respect de la matière première et sa fragilité. »

Panier réalisé lors de l’épreuve pratique du CAP.

À l’issue de cet apprentissage, il décroche un CAP de vannerie en candidat libre à Lyon. La même année, il passe l’habilitation à diriger des recherches de l’Université Jean Monnet à Saint-Étienne.

Fin 2022, Patrick se lance et crée son auto-entreprise Osier faire : « Je suis actuellement à 80% sur une activité d’enseignant-chercheur et à 20% sur une activité d’artisan vannier. Cela me permet de travailler chez moi, dans ma véranda ou mon jardin, pour fabriquer les objets que l’on me commande par le bouche à oreille ou via mon site internet. Paniers, besaces, claies à pain, nichoirs à oiseaux et autres objets décoratifs, je ne me fixe aucune limite dans mes créations. Je propose aussi des formations au grand public, en milieu scolaire et j’ai un projet d’atelier dans des maisons de retraite. J’aime partager avec des publics issus de toutes les générations et de tous les horizons. »

800 pieds de saule plantés à la main

Pour confectionner ses objets, Patrick utilise six variétés d’osier de couleurs différentes. Il a planté 800 pieds sur un terrain prêté par un ami agriculteur. Sa production ne lui permet pas encore de couvrir l’intégralité de ses besoins en matière première car il faut attendre au moins deux ans avant de pouvoir couper les premières tiges de saule exploitables en vannerie. Pour se fournir, il achète 250 kg d’osier par an à un osiériculteur lorrain.

Aujourd’hui, avec le recul, Patrick ne regrette pas cette diversification : « Je ne reviendrai pas en arrière. Concilier mes deux activités me permet de trouver le juste équilibre. Je prends autant de plaisir à venir à Mines Saint-Étienne que de rester chez moi, dans mon univers, pour fabriquer des objets utiles et durables. J’encourage d’ailleurs celles et ceux qui veulent tenter l’aventure de l’entrepreneuriat de le faire. »

Contact :

Mines Saint-Étienne : ganster@emse.fr

www.osierfaire.fr et osier.faire@free.fr

CV EXPRESS

  • Né le 13 janvier 1977 à Briey (54)
  • Réside à Saint-Just-Malmont (43)
  • En couple, deux enfants
  • Doctorat en physique de la matière condensée (2004)
  • Habilitation à diriger des recherches (2022)
  • CAP de vannerie (2022)

Sa première création : une petite corbeille à pain avec ses passe doigts.

Sa plus belle création : une voiture en osier réalisée avec Marie-Jeanne Guillard pour la commune de Saint-Pal-de-Mons. 10 jours de travail (160 heures de tressage) ont été nécessaires pour la fabriquer durant l’été 2023.