PANORAMINES

L’interview de Jean-Luc Palayer, ancien élève aujourd’hui à la tête d’Orano USA

Actuel Président et CEO d’Orano USA, Jean-Luc Palayer a occupé plusieurs postes à responsabilités depuis l’obtention de son diplôme à Mines Saint-Étienne en 1998. Retour sur le brillant parcours international de ce natif de Séoul aujourd’hui installé à Bethesda, dans le Maryland, aux États-Unis.

Quel a été votre parcours jusqu’à obtenir ce poste de Président and CEO d’Orano USA ?

Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur, je suis rentré à COGEMA (anciennement Areva) à Séoul en Corée du Sud. J’étais responsable des ventes de l’amont du cycle du combustible nucléaire. De retour à Paris en 2002, j’ai occupé le poste de Business Development Manager pour Areva pour la zone Asie. Après la signature d’un contrat significatif avec les dix électriciens japonais, le groupe m’a proposé de partir en expatriation en 2007 soit au Japon pour rejoindre la filiale ATMEA avec Mitsubishi, soit aux États-Unis pour développer la stratégie commerciale d’une nouvelle activité dans l’amont du cycle.

Avec ma famille, nous avons opté pour Washington DC. Les premières années ont été magiques car nous découvrions un pays extraordinaire et une nouvelle culture. Sur le plan professionnel, j’étais en charge non seulement de sécuriser les contrats long-terme avec nos clients américains, mais aussi de négocier l’obtention d’une garantie d’emprunt de 2 milliards de dollars avec le Département de l’Énergie américain que nous avons obtenue avec succès ! J’ai également œuvré à la création de la filiale américaine Areva Enrichment Services.

En 2012, j’ai rejoint la division solaire du groupe Areva en tant que Vice-Président des Opérations à Mountain View en Californie. J’avais la responsabilité de définir la stratégie achat, de qualifier de nouveaux fournisseurs, et de construire trois centrales solaires thermiques, en Australie, aux États-Unis dans l’Arizona et en Inde, dans l’État du Rajasthan. Ce dernier projet était le plus important par sa taille (125 MW) et sa complexité d’un point de vue Supply Chain et exécution. C’était un véritable challenge pour moi en termes de management avec des équipes et des projets sur trois continents.

En complément de mes fonctions, j’ai pris la direction d’Areva Solar India en 2013. Nous avons produit nos premiers kWh pour l’unité indienne durant le premier trimestre de 2015. Je suis fier d’avoir contribué à ce projet remarquable avec la livraison à l’État du Rajasthan de la première centrale solaire thermique qui continue à alimenter la région en énergie bas carbone avec une production annuelle de 280 GWh !

En avril 2015, j’ai été nommé Vice-Président de la Supply Chain pour la Business Unit TN, la branche logistique nucléaire d’Areva. Avec mes équipes, nous devions qualifier de nouveaux fournisseurs de système d’entreposage à sec aux États-Unis, en France, en Italie, en Chine et en Corée du Sud. En parallèle, j’ai largement contribué à la définition et à la mise en place d’un plan d’internalisation de la fabrication de nos composants stratégiques aux États-Unis avec notamment la construction de deux usines de production en Caroline du Nord.

En août 2018, j’ai été promu Chief Operating Officer de TN Americas, la filiale américaine de la branche logistique nucléaire d’Orano (nota bene : Orano a été créé en 2017 faisant suite à la scission d’Areva : Orano est en charge de la gestion du cycle du combustible nucléaire et Framatome se charge des activités Réacteurs).

J’avais sous ma responsabilité la gestion de projets, la supervision des campagnes de déchargement des combustibles usés dans les centrales nucléaires, et la direction de nos sept sites américains : le siège dans le Maryland, nos trois usines de production en Caroline du Nord, notre centre de formation en Caroline du Sud, notre installation de lavage de cylindres dans le Kentucky et notre parc d’entreposage de combustibles usés en Floride. L’une de mes missions a été d’améliorer la capacité de production de nos usines américaines, de beaux challenges que j’ai menés à bien jusqu’en novembre 2023.

Visite de l’usine TNF par les membres du « Department of Commerce » américain en 2022.

Dans quel secteur d’activité évoluez-vous désormais et quelles sont vos principales missions ?

Orano est un groupe français reconnu internationalement sur l’ensemble du cycle du combustible nucléaire, de l’extraction jusqu’au recyclage des combustibles usés ainsi que des services associés pour répondre aux besoins de nos clients électriciens dans le monde entier. Avec 17 000 collaborateurs dans le monde – dont 13 500 en France – et un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros, le groupe s’engage au quotidien à répondre aux enjeux énergétiques mondiaux et fournir une électricité bas carbone et compétitive. Nous explorons par ailleurs de nouvelles activités qui enrichiront la palette des services que nous proposons à nos clients notamment dans les domaines de la santé (traitement anti-cancer) et dans l’économie des ressources (recyclage des batteries).

Mes principales missions sont :

  • Définir et exécuter la stratégie commerciale et industrielle d’Orano aux États-Unis telle qu’approuvée par notre Comité Exécutif ;
  • Représenter le groupe auprès des administrations américaines, notamment le DOE (Department of Energy), le DOC (Department of Commerce), le DOS (Department of State), la NRC (Nuclear Regulatory Commission) ainsi que les clients et partenaires stratégiques ;
  • Proposer et mettre en place des partenariats industriels pour les nouvelles activités ;
  • Promouvoir l’image du groupe Orano, non seulement auprès des institutions mais aussi du grand public, dont les étudiants américains.

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à Mines Saint-Étienne ?

Je garde de très bons souvenirs de mon passage à Mines Saint-Étienne. Il y avait une excellente ambiance non seulement à l’École mais aussi dans la résidence étudiante. Les cours étaient variés et de bonne qualité, ainsi que les associations. L’École nous poussait aussi à partir à l’étranger. J’ai ainsi fait mes stages de 2e et 3e années en Corée du Sud et j’ai participé à deux voyages d’études, le premier en Irlande et le second en Tunisie. C’est durant ces séjours à l’étranger que j’ai eu l’envie de développer une carrière professionnelle à l’international.

Par ailleurs, j’étais le correspondant communication des étudiants pour l’École et j’avais la chance de côtoyer régulièrement la Directrice de la Communication et le Directeur de l’École, Philippe Hirtzman, une personne visionnaire et un excellent communicant. J’ai en mémoire un voyage que j’avais organisé en 1999, à Séoul, pour accueillir Monsieur Hirtzman et Monsieur Han, mon professeur d’éléments finis, à l’occasion du rapprochement de l’EMSE et de la Seoul National University.

Visite de la centrale de Diablo Canyon en Californie, en 2023, dont l’extension a été approuvée par le Gouverneur Gavin Newsom.

Quelles compétences acquises lors de votre formation vous sont utiles aujourd’hui dans vos nouvelles fonctions ?

  • L’ingénierie nucléaire : c’est durant ces cours que j’ai réalisé que je voulais travailler dans le nucléaire et contribuer au développement de cette énergie bas carbone. Mon rêve à l’époque était de fabriquer et fournir les combustibles des surgénérateurs après un excellent exposé d’EDF sur le réacteur Superphénix. Bien que le projet Superphénix ait été arrêté, j’ai depuis réalisé de nombreux rêves durant mon parcours chez Orano.
  • Les statistiques : j’ai mis à profit cette compétence à de nombreuses reprises dans le monde professionnel, non seulement pour les initiatives six sigma, mais aussi pour la gestion des risques basée sur la modélisation Monte-Carlo.
  • La gestion des risques industriels : en 1997, c’était un nouveau cours et j’espère qu’il est toujours enseigné aujourd’hui. J’en garde des souvenirs d’un cours passionnant et très enrichissant grâce à l’enseignement de notre professeur issu du monde professionnel et spécialiste des risques Seveso. Aujourd’hui, j’entends encore les mêmes références historiques dans certaines de mes réunions. 
Aiken Plant : centre de formation d’Orano basé en Caroline du Sud.

Les 5 conseils de Jean-Luc Palayer pour les futurs étudiants de Mines Saint-Étienne :

  • Saisir toute opportunité pour partir à l’étranger. L’École offre différents programmes à l’international et a désormais un excellent réseau d’universités partenaires dans le monde. 
  • Rejoindre les associations qui vous intéressent. Non seulement vous renforcerez des liens forts avec les autres membres, mais vous aurez également l’occasion de découvrir la gestion d’activités, le premier pas avant la gestion de projet puis d’entreprise.
  • Communiquer vos réussites et vos projets sur les réseaux sociaux. Vos futurs recruteurs regarderont certainement votre profil sur LinkedIn et le contenu de vos publications peut faire la différence. Mais soyez bref et incisif dans vos posts.
  • Être soi-même et ne pas chercher à rentrer dans un moule. Il y a bien entendu des normes et standards à respecter, notamment dans l’entreprise, mais vous réussirez en étant vous-même et non en essayant d’imiter un modèle parfait.
  • Vous donner à fond. Ce que vous allez apprendre et réaliser à travers vos projets, vos associations et vos stages, va vous permettre de vous différencier et de trouver le poste idéal dans une entreprise dont vous partagez les mêmes vision et valeurs. Et pourquoi pas chez Orano ? Nous recrutons près de 1600 postes en 2023, Rejoignez-nous !