PANORAMINES

Tendre vers le zéro rejet d’eaux pluviales dans les réseaux d’assainissement, est-ce possible ?

Depuis quelques semaines déjà, Mines Saint-Etienne expérimente une toiture terrasse végétalisée complétée d’un jardin de pluie urbain. Des études antérieures ont montré qu’une toiture terrasse végétalisée (TTV) seule permet d’abattre 70% des eaux pluviales. Mais jamais un tel dispositif qui couple une TTV et un jardin de pluie urbain (JPU) n’a été suivi.
Explication :

Gestion de l’eau pour une ville durable

La construction d’une nouvelle chaufferie a permis à l’École de mettre en place une toiture terrasse végétalisée (TTV) accompagnée par un jardin de pluie urbain. Installé sur le campus de Saint-Etienne, la TVV s’étend sur environ 150m², quant au JPU sur 4m². L’intérêt de ce type de dispositif est de retenir l’eau de pluie en évitant l’effet de ruissellement provocant notamment les inondations. Ainsi, l’impact des pluies est atténué tout en contribuant au rafraichissement local urbain.

Schéma de la toiture terrasse végétalisée
Installation des capteurs de niveau et d’humidité du sol

Via ce système, l’eau de pluie ne part plus directement vers le réseau d’assainissement, mais est d’abord stockée et évapotranspirée. En effet, la toiture est recouverte de substrat (de la terre) et de plantes. Lors de pluies, « une partie de l’eau va être récupérée par les plantes pour leur croissance », explique Eric Piatyszek, enseignant-chercheur en charge du projet. Le surplus, quant à lui « est stocké dans la terre » et dans un réservoir. Il s’agit « d’une réserve alvéolaire » située sous le substrat, poursuit Eric, « ce sont des petites alvéoles en PVC. Cela va permettre lors de périodes de sécheresse relativement longue, où la terre va commencer à se dessécher, à l’eau stockée dans les alvéoles de s’évaporer et rejoindre le substrat pour être ensuite utilisée par les plantes ». Une fois le réservoir de la toiture plein, le jardin de pluie urbain entre en jeu. Conçu par la société Source Urbaine, il va récupérer l’eau de la TTV. Il fonctionne comme la TTV mais avec un réservoir plus petit. En dernier recours, lorsque tous les réservoirs sont pleins, alors l’eau est rejetée dans les canalisations du réseau d’assainissement.

Pour suivre le dispositif, des capteurs ont été installés sur la TTV et le JPU. Imaginés par la société Agrove, ils permettent de suivre l’humidité du sol et le niveau de l’eau dans la réserve alvéolaire. En plus, une station météo a été dressée afin de suivre des paramètres climatiques (pluie, vent, température, …)

Lutter contre le changement climatique et l’urbanisation

Les villes denses et urbanisées empêchent l’eau de pluie de s’infiltrer. Elle ruisselle et cela peut provoquer des inondations. Autre phénomène, les ilots de chaleurs urbains. Avec une hausse des températures due au changement climatique et des canicules de plus en plus fréquentes, on assiste à des ilots de chaleurs urbains (températures des centres urbains supérieures à celles des territoires limitrophes).

Ainsi, un tel dispositif mis en place par Mines Saint-Etienne a vocation à atténuer les inondations via le stockage de l’eau et l’évapotranspiration et de végétaliser les villes donc les rafraichir.


Le projet financé par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne est opérationnel depuis novembre 2021. Les premiers résultats sont attendus dans un an environ.