1816-2016 - Bicentenaire

La dictée à laquelle vous avez échappée !

La dictée est apparue au concours d’entrée à l’École des Mines en 1882, lorsque l’École des Mineurs prit le nom d’École des Mines de Saint-Étienne et qu’une troisième année fut instaurée. Elle complétait la composition française, une épreuve existante depuis les premières années d’existence de l’École. La dictée semble disparaître en 1920 alors que perdure la composition française mais « il est rappelé à MM. les candidats que la composition française est notée séparément pour le fond et la forme (orthographe-écriture) » (1924).

À la sortie de la Première Guerre mondiale, la dictée proposée au printemps 1919 revient sur le conflit avec une virulence anti-germanique qui se retrouve ensuite dans la préface du Général de Curières de Castelnau du Livre d’or des élèves et ingénieurs morts pour la France, 1921 (http://bibnum.emse.fr/items/show/72).

Dictée du Concours d’admission à l’École des Mines de Saint-Étienne, 1919

Quels que soient les regrets que l’on peut concevoir, après guerre, et quelque amère que soit la pensée que tant d’existences et tant de ressources eussent pu être épargnées sans porter atteinte au résultat final, c’est sur cette issue magnifique qu’il convient de concentrer notre pensée. Se jugeant tout puissants, ivres d’orgueil, les Allemands n’avaient pas su attendre les effets de l’envahissement pacifique pratiqué avec tant de succès auprès de notre pays, et du patronage dédaigneux que leur civilisation tout en surface était si près d’imposer à la nôtre. Le chœur unanime des voix germaniques déclarait caduque notre culture, caduc notre vieil esprit guerrier et qualifiait hautement de mythe l’idée, parfois émise à huis clos mais tôt réprimée, qu’il pût exister en France les éléments d’une résistance victorieuse. Pourquoi temporiser, pourquoi surseoir ? Assourdie par ses propres clameurs, l’Allemagne, dans le rythme bestial de ses tambours et de ses fifres, n’entendait qu’un seul mot : Sedan. Elle se rua à la curée, on sait avec quelle fureur.

Or ce que disaient les fifres et les tambours plats, ce n’était pas Sedan, c’était Iéna. Grave, silencieux, tous ses sens et tout son cœur tendus vers la monstrueuse mêlée, le peuple de France, tout entier, avait bien perçu le mot dès l’origine. Et de fait, à travers les péripéties de l’interminable lutte, au cours de tant de vicissitudes et jusque sur le bord extrême des défaillances imminentes, il ne cessa de l’entendre. Sobre de paroles, calme et digne en face d’une meute hurlante affolée de sophismes, soûle de mensonges, il garda constamment la claire perception de l’avenir réparateur, la foi en sa juste cause et la certitude de la victoire finale. Chefs-d’œuvre de haute stratégie, les batailles de France attestent assurément la science supérieure de nos généraux. Mais s’ils ont obtenu du pays entier la patience démesurée et l’inébranlable constance sans lesquelles rien n’eût été possible, s’ils ont pu enfin cueillir la victoire si chèrement achetée et si longuement attendue, c’est avant tout à ce clair bon sens de la nation qu’en revient la victoire.

Quelques exemples de dictées et compositions françaises

Composition française – 1901

Un jeune homme qui se destine à la carrière d’ingénieur des mines a reçu d’un de ses amis, qui est officier, une lettre par laquelle cet ami cherche à le détourner de ses projets et l’engage à choisir de préférence le métier des armes. Le jeune homme répond en indiquant notamment les analogies et les différences des deux carrières. Ecrire cette réponse.

Composition fr 1909

Composition française – 1902

Commenter cette pensée de Taine :

« C’est une faute que de se faire amateur, j’entends de se détacher de tout pour se promener partout. On ne vit qu’en s’incorporant à quelque être plus grand que soi-même ; il faut appartenir à une famille, à une société, à une science, à un art ; quand on considère une de ces choses comme plus importante que soi, on participe à sa solidité et à sa force ; sinon, on vacille, on se lasse et on défaille ; qui goûte de tout se dégoûte de tout. »
(Vie et opinion de Thomas Graindorge. Préface)

Composition française – 1909

Un père de famille demande à un de ses amis, ancien élève de l’École des Mines et ingénieur distingué, s’il convient de donner une culture littéraire développée à son fils qu’il destine à l’École.

Cet ami lui répond en l’encourageant vivement à la faire. Une semblable culture est directement utile à l’ingénieur pour la clarté de conception et d’expression, le pouvoir de persuasion qu’elle lui donne ; elle l’aide à mieux classer ses connaissances, à envisager d’une manière plus large les questions même industrielles. En ce qui le concerne, il est surtout reconnaissant au commerce des bons écrivains, historiens, poètes et moralistes, pour le réconfort, le délassement qu’ils ont apporté à sa rude existence de mineur souvent isolé dans des pays étrangers et barbares.

On composera cette réponse.

Dictée – 1913 (coefficient 4)

« Une visite au monastère de l’Athos » extrait d’un texte de Stanislas de Nolhac (1882)

Composition de français (coefficient 8)

Composition sur une citation d’Henri Poincaré (1913)

« L’homme ne peut être heureux par la science, mais aujourd’hui il peut bien moins encore être heureux sans elle. »

Composition française – 1918

Un neutre, que vous avez connu avant la guerre, vous a récemment écrit ce qui suit :

« J’ai admiré, dans les débuts de la guerre, la glorieuse résistance de votre pays. Mais pourquoi, puisque vous le dites pacifique, a-t-il continué cette guerre alors que ses ennemis ne parlaient que de paix ? »

Répondre.

Composition française – 1924

Peut-on accepter sans réserve la pensée suivante de La Bruyère :

« Il faut faire comme les autres ; maxime suspecte, qui signifie presque toujours : il faut mal faire, dès qu’on l’étend au-delà de ces choses purement extérieures qui n’ont point de suite, qui dépendent de l’usage, de la mode ou des bienséances. »

Maximum : Quatre pages

TITRE Composition fr 1909

École des MINES de Saint-Étienne

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